LA BURTHE
Cette explo dans les hauts bois nous a donné d’entendre, de ci de là, la petite musique des arbres transformant la balade en ballade tant il est vrai qu’avec deux ailes notre esprit voyage plus librement :
Le bouleau, toujours pressé, négocie les accords de branche
Le chêne, trônant sur son éminence, est dur de la feuille
Le charme, irrésistible et mystérieux, nous susurre des mots d’où ?
Le laurier, satisfait, se repose sur ses congénères
L’érable, dans son élan, tient des propos sirupeux
L’aubépine, obsessionnelle, ne parle que de lever de soleil et de sexe
Le mûrier devise sur le verre des autres et le verre à soi
Le noisetier, économe, épargne sa salive
Le cèdre du Liban, majestueux, n’évoque guère les pets
Le cyprès, hautain, semble si loin
Le pin parasol s’abrite derrière le secret professionnel
Le saule, pleureur, se plaint des mites de six ifs
Le châtaignier, bagarreur, a les yeux plein de cernes
Le peuplier, rigide, ne rigole pas beaucoup
Le houx, piquant, ironise sur Lacan commandant
Le frêne, prisonnier de sa lenteur, s’arrête à chaque mot
Le hêtre crâne en récitant Shakespeare
©texte et photos Jean-Louis Bergey