GUILLAUME, IRON MAN...
J’ai rêvé un instant chez Guillaume, que je lançais dans son atelier un gros aimant. Bruit indescriptible. Agglutination toute aussi indescriptible de milliers de morceaux de fer. Peut être parce que je faisais ça gamin, quand ma grand-mère faisait tomber ses épingles. Je jetais un aimant pour assister à un rassemblement immédiat formant une masse impossible à ramasser sans se piquer…
Dans tous les ateliers où l’on travaille une matière naturelle il y a une odeur. Celle du menuisier, du boulanger, du peintre… Chez Guillaume cela sent le feu originel. J’ai découvert qu’une étincelle a une odeur. Ce petit éclat éphémère rappelle Noël, le 14 juillet, les pluies d’étoiles en août.
Je crois bien que j’ai autant « touché » que photographié. Et je n’étais pas le seul. Qui n’a pas posé ses doigts sur cet énorme roulement à billes ?
Il y avait aussi un goût de déjà vu, la sensation d’être chez soi : cet artiste qui soude des fers les uns aux autres n’est’ il pas, lui aussi, une sorte d’esperluette ?
© texte et photos Jean-Pierre Carabin