NIEL ART STRONG
On a marché sur la planète Niel. On n’est pas les premiers, pas les derniers et comme beaucoup, notre bataillon, équipé jusqu’aux trépieds, s’était entraîné avant l’iso final. Passé la ligne de démarcation qui sépare le bitume citadin de la friche militaire, on tombe en embuscade dans un vaste terrain d’exercices. On s’était préparé à marcher au pas en hommage à la mémoire du lieu, mais l’horizon dessiné par les vieilles pierres luttant contre l’invasion d’une végétation sauvage nous immobilise, quasi au garde à vous. Le corps à l’affut, les oreilles aux aguets, nos yeux se font piégés par une débauche de couleurs vives, de portraits, de personnages, de messages, de représentations étonnantes couvrant toute surface existante. L’appareil jusque là en bandoulière, on se met en position, désormais prêt à mitrailler. Le viseur rivé à l’œil, il s’agit d’avancer à pas feutrés avant de marquer le temps d’arrêt pour le moment fatidique. Les lignes de mire sont multiples, à gauche, à droite, devant, derrière, les cibles nous encerclent nous obligeant à développer une stratégie d’attaque. Plein zoom sur ce visage poupon capturé au flash, là passage en bracketing pour attraper deux belles masquées, attention focus à 12H...une grille rouillée menace dans le ciel, plein zoom pour ne pas laisser filer le bleu en planque derrière le mur , ici format paysage pour détecter ce visage camouflé par les herbes hautes, position macro... une jeune pousse dans l’encadrement d’une fenêtre en pierre, vite, un visage au bord des grilles, juste à temps le noir et blanc... Quoi la nuit tombe, il faut battre en retraite...?
©texte et photos Dalinda Abid