Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
les explos photos de l'esperluette
2 novembre 2023

BRAZZ'ÎLE

Effet clochettes2023

Tout tracé 2023

In&out 2023

Vue sur la mère 2023

Vues du plongeoir 2023

Was ist das 2023

Il est monté sur ressorts, Dimitri. Et aussi sur pilotis. Quai 54 et 56, c’est son dodo, Brazza c’est son dada.
Infatigable, il vient à notre rencontre côté Bacalan, et retraverse avec nous les 500 mètres d’eaux troubles de la Garonne depuis la rive gauche, sur le pont Ba-Ba.  
Intarissable, il étanche notre soif de comprendre ce qui se trame ici.

Ba-Ba, et pas Chaban (parce que j’y arrive pas et qu’entre la statue moche de Pey Berlan et le stade qui sera toujours Lescure, le pont en plus, ça fait beaucoup pour un seul homme, non?).
Ba-Ba pour Bacalan-Bastide. Car, comme nous le rappelle Dimitri, Brazza n’est pas un quartier. Le quartier, c’est la Bastide. Le truc en forme de chat couché sur le plan de Bordeaux. Hé bien, Brazza, c’est la queue du chat.

Babas, on l’est un peu, étourdis devant l’étalement urbain qui a gagné, comme par capillarité, cette rive droite qu’on pensait imbétonnable. Trop d’usines, trop de friches, trop d’aménagements à prévoir, trop de terrains à dépolluer, trop de rues à percer, trop de trous à creuser, trop de tuyaux à enfoncer dans le bide vide de la plaine rive droite.
C’était compter sans l’appétit urbain de Bordeaux et de sa métropole qui monte qui monte.
Désormais seul le fleuve distingue et sépare le Bacalan nouveau du Brazza débutant. C’est la ville qui rampe. C’est le progrès. La métropole se veut millionnaire. Et la carte postale ressemble à celle de ces anciennes villes nouvelles qui poussaient un peu partout en France pendant les Trente glorieuses, quand le sommet de la modernité était d'atteindre, justement, des sommets. Toujours plus haut, les grands ensembles, jusqu'à chatouiller les nuages. « Les grands ensembles et les petits apparts », comme entendu chez Daniel Mermet, sur France Inter, dans les années 2000.

Ah, l'abandon 2023

En plein centre vide 2023

Hauts sommets 2023

Morpion 2023

Tombés dans le panneau ©FrançoiseDuret

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Brazza n’est pas un quartier, coupé en deux qu’il est mais, avec 10 000 âmes attendues pour 2030 maxi, il pourrait bien le devenir. Pour l’instant, en quartiers il est coupé, justement.
Brazza nord, où s’élevait jadis la Soferti (notre AZF à nous, mais sans le feu d’artifice) et sa cathédrale des sports, avec son filet à papillons géant dressé dessus. Une mocheté d’en bas, un rooftop de ouf d’en haut.
Brazza sud et sa forêt d’immeubles sur pilotis (la zone reste quand même un chouia inondable).
Et au milieu, coule une gravière. Une petite coulée verte d’arbres résilients, une friche pas très fraîche et encore quelques usines en activité, témoins du passé pas si révolu du secteur.

Dimitri, lui, plus prosaïquement, fait partie de ces gens qui vivent et travaillent ici. Et militent. Ou plutôt mill-itent, participant à mille actions. De son asso « À Brazz’ouverts » aux fan-zones de la coupe du monde de rugby. On le retrouvera même, les lendemain et surlendemain soirs, en train de servir des bières à la buvette de la soirée d’ouverture du FAB, le Festival des arts de Bordeaux (où on verra accessoirement voler un piano au dessus du chantier).

Ce Faux-filet 2023

La Palissade 2023

Playtime 2023

Rubans de béton 2023

Signaux 2023

Ta case est ma case 2023

Vertiges 2023

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On entre dans son antre comme dans une forêt.
Même les pompiers, à la livraison, n’y ont vu que du feu. « Un peu trop d’arbres » c’est ce qu’ils ont énoncé en voyant les plantations des futés paysagistes à futaies. Il a fallu élaguer.

Passé l’ouragan et le tumulte des quais, nous voilà en pays d’Oz. Vous voyez ? « Somewhere over the rainbow » ? La route de brique rouge qu’il faut suivre pour devenir grand ? Les souliers brillants de Dorothy, qui ressemblent à des pommes d’amour ? Vous y êtes.
Au fond de la parcelle, une dame promène son chien au milieu d’un chantier. On se croirait dans « Série Noire », de Corneau ou, moins glauque, dans Play Time de Tati.
Elle nous salue, s’arrête, papote. Car oui, les gens d’ici se regardent, se disent bonjour, se sourient et se parlent. Invraisemblable fraternité de ceux qui se trouvent sur le même bateau dans l’immensité de l’océan, épatante proximité de ces voisins qui n’ont d’autre choix que de faire commune, quand nous autres, les banlieusards pavillonnaires, les résidents de la 1ère barrière, les locataires anonymes, nous croisons, aveugles et blasés, au coin des rues borgnes.
Née-cécité dans la cité. Car finalement, c’est peut-être nous qui fractionnons tout et ne partageons plus rien, trop occupés à opacifier nos clôtures ou à nous replier dans nos vieilles coquilles.
Eux, le pays d’Oz. Nous, Brazil.
Eux l’îlot trésor. Nous l’île déserte.
On leur souhaite de beaux Vendredis et de longtemps vouloir se voir, se comprendre, se rencontrer, se connaître et se reconnaître.


©Texte et photos Françoise Duret

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Quel reportage photographique (apparemment sur plusieurs visites) et un commentaire bien développé!
Répondre
E
Merci à "Celui qui n'a pas" (de s ?) On se connaît, visiblement.<br /> <br /> Mais L'esperluette n'est pas une école. En tout cas elle n'a rien d'académique ;-).<br /> <br /> C'est surtout un rassemblement de gens qui aiment les formes collectives, et qui l'expriment à travers l'écrit et/ou la photo. Nos explos embarquent des gens curieux, des photographes amateurs, des amateurs d'écrit. Et tous croisent leurs regards sur ces lieux familiers comme s'ils ne les avaient jamais vus... et parfois comme on ne les reverra jamais !<br /> <br /> On vous embarque quand vous voulez !
Répondre
C
Brazza...superbe travail ! Esperluette est une belle école de photos et Françoise toujours une aussi belle plume. Bisatoussetoutes
Répondre
les explos photos de l'esperluette
  • Une fois par mois, des balades, des images, des écrits. Récits d'explorations urbaines dans l'agglo de Bordeaux, regards croisés d'un groupe d'exploratrices et d'explorateurs à dimensions variables. Un clin d'œil collaboratif de L'esperluette.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
Derniers commentaires
Publicité