QUEL DESSEIN POUR NIEL ?
C'est à dessein que nous sommes allés à Niel traquer le tag hurleur et dénicher le dessin coquin. "Dénichons donc ! " nous sommes nous exclamés. Mais peu de dessins lubriques, pas de seins sur la brique car le grapheur est pudique bien qu'exhibitionniste. Juste des milliers de lettres d'affranchis, des centaines de paires d'yeux invoquant Dieu le Père et des dizaines de bouches dégoutées.
Le grapheur, tel une éponge, absorbe les maux de la société, les écoute puis les égoutte, prépare ses attentes à la bombe et se libère en refaisant le mur.
Art éphémère par excellence puisqu'une prochaine bombe fera exploser d'autres couleurs, art sans rente aussi, le grapheur fait donc de l'art comptant pour rien.
Pourtant, les tags et les graphs de la caserne font notre miel. Munch y aurait dessiné "le cri" s'il l'avait connu.
Même les deux finalistes de l'élection présidentielle s'invitent au défilé. L'ancien président garde la porte, protégeant le site des étrangers et guettant son adversaire mais ce dernier est déjà dans la place, entré par des voies détournées. Le temps passe.
Ses dessins s'effaceront et son dessein commencera.
©texte et photos Jean Louis Bergey